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Remise de médailles

Remise des insignes de chevalier dans l’Ordre national du mérite à Mario Papi, par le Secours populaire franҫais – 4 novembre 2023

Remise de la décoration de la main de Mme Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire français.

Discours de Mario Papi

Maire de 1977 à 2008

Conseiller général de 1988 à 2008

Discours de Mario Papi

« La distinction qui m’est remise aujourd’hui, je veux très sincèrement la dédier à celles et ceux auxquels je pense en cet instant et à qui revient l’honneur qui m’est fait. Il ne s’agit aucunement dans mon propos d’un excès de modestie, surement pas.

En premier lieu je veux exprimer ma reconnaissance à mes parents dont j’ai été la principale préoccupation et qui, de condition pauvre (c’est peu dire), m’ont donné ce que je considère un héritage, un trésor inestimable, grâce auquel je suis ce que je suis : la modestie, la rigueur, le sens du devoir, l’amour du travail accompli correctement, l’honnêteté, le respect d’autrui : je le vis chaque jour grâce à ce qui, par leur comportement quotidien m’ont transmis ces valeurs.

J’ai eu la chance de bénéficier de l’attention et des conseils de mes institutrices et instituteurs, de mes professeurs, je dis bien de la chance d’apprendre sous la conduite de ces « hussards de la république » dont je pourrais citer les noms sans en oublier une seule, un seul, dont les intonations sont gravées à jamais en moi. Ils et elles ont contribué pour moi un bouclier face à l’ostracisme, au racisme, aux moqueries dont nous étions souvent l’objet, nous les étrangers, les Italiens en particulier (nous étions les arables de l’époque !). Mais ces enseignants formés et souvent issus des rangs de la Résistance étaient de véritables éducateurs, et pour ce qui me concerne, ils ont éveillé en moi l’envie et l’amour de l’enseignement et j’ai eu le bonheur de donner l’envie et l’amour de l’enseignement et les transmette à des centaines d’élèves au cours de ma carrière, de l’exercice de mon métier d’enseignant de la République, l’amour de la langue française et de la langue italienne que j’aime autant l’une que l’autre.

Je suis navré, affligé, de constater combien le métier d’enseignant que je considère comme le plus beau métier du monde subit des dégradations et je suis persuadé que notre société a un besoin criant et urgent d’un service public de l’enseignement et de l’éducation doté de moyens à hauteur de sa nécessité pour assurer la formation des citoyennes et citoyens de notre République, de notre village-monde.

Oui, Mesdames, Messieurs, chers amis, mon métier je l’ai accompli avec plaisir dans quelques établissements scolaires des Alpes Maritimes, le premier étant à l’âge de 20 ans, le collège de Saint Dalmas de Tende, je devrais plutôt dire dans la gare de St Dalmas, où j’ai enseigné à des élèves très attachants, dont les parents m’ont fait confiance comme m’ont fait confiance et m’ont accompagné des collègues plus chevronnés avec lesquels nous ne comptions pas les heures passées avec ces élèves qui, c’était la coutume, réussissaient toutes et tous le BEPC après avoir présenté deux ans auparavant le certificat d’études primaires pour lesquels nous les préparions, tels des sportifs avant la compétition, afin de décrocher le ou la première du canton !

Oui j’ai éprouvé le grand bonheur de vivre ces moments stimulants où on ne compte pas ses heures passées en vivant une grande partie de la journée, de la semaine en apprenant à skier avec elles et eux, en les faisant participer à des tournois de football.

De même, quand j’ai changé de poste j’ai fait le choix de la ville nouvelle de Carros, dans le collège de laquelle j’ai accompli presque tout le reste de ma carrière.

Carros, un poste classé en ZEP, des élèves, des parents, des enseignants qui dans un milieu défavorisé ont fait « famille », Carros, Collège Paul Langevin dans lequel, souvent, dans des conditions difficiles, j’ai exercé la plus grande partie de ma carrière, jusqu’au bout, malgré mes fonctions électives de Maire de Gattières et de Conseiller Général des Alpes Maritimes. Que de bonheur j’ai très souvent éprouvé dans l’accompagnement de leur vie, de ces jeunes qui ont tant compté dans ma vie.

Arrivé à la fin de ma carrière d’enseignement et à la fois de mes fonctions de Maire et Conseiller Général, fonctions élevées auxquelles j’ai mis fin de façon volontaire et réfléchie car j’étais et je suis convaincu qu’il était temps de prendre des distances avec Gattières et les Alpes Maritimes, d’abord pour soutenir ma mère demeurée veuve en Corse puis un domicile suffisamment éloigné des Alpes Maritimes afin de laisser s’exprimer les élus en charge de Gattières et du Canton de Carros.

Pendant cette période d’éloignement de ces lieux avec Rose-Marie nous nous sommes engagés dans le bénévolat au sein du Secours Populaire Français en Corse puis sur le « continent ».

Ce choix s’est fait de façon spontanée tant nous avons trouvé au sein de cette association des points communs avec ce qui nous a motivés tous les deux dans la vie « La Solidarité » envers les personnes qui souffrent en France et dans le monde des conséquences de la pauvreté, de la misère, de l’isolement, des guerres….

A travers le SPF et ses valeurs nous apportons notre temps, notre énergie à celles et ceux qui comptent bien peu dans cette société dominée par l’argent et beaucoup trop d’égoïsme. A tous mes amis qui interviennent sur les conséquences de la pauvreté, de la misère, de l’isolement nous exprimons, j’exprime mon respect et mon soutien dans ce beau, ce magnifique programme qui tient dans cette courte mais dense expression : « Tout ce qui humain est nôtre ».

Voilà Mesdames et Messieurs ce que cette distinction que le SPF a sollicitée pour lui et lui remet aujourd’hui, Mario qui ne porte pas son nom d’Etat Civil qu’un employé de la Mairie d’Ajaccio n’a pas voulu lui attribuer, Mario qui à l’âge de 14 ans dans la salle où se déroulait le concours d’entrée à l’Ecole Normale d’Instituteurs d’Ajaccio s’est vu prié de quitter les lieux car il manquait quatre mois à la naturalisation française qu’avait enfin obtenue ses parents, Mario a eu et aura comme ligne de conduite le respect de tout être humain et la solidarité envers les autres.

Merci de votre écoute, merci à Pascale et à l’ensemble de son équipe municipale, merci à Josette, à l’ensemble du personnel de la commune de m’accueillir et accueillir mes amis dans ces circonstances qui me poussent une nouvelle fois à exprimer ma profonde et sincère solidarité ».